Au Sénégal, soutien à la transformation du lait

Une femme qui vend régulièrement du lait à l’unité de transformation gagne en moyenne 124 000 francs CFA par an (182 francs suisses). Un revenu complété par d’autres activités, mais bien inférieur au revenu sénégalais moyen (4000 francs environ). / ©EPER
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Une femme qui vend régulièrement du lait à l’unité de transformation gagne en moyenne 124 000 francs CFA par an (182 francs suisses). Un revenu complété par d’autres activités, mais bien inférieur au revenu sénégalais moyen (4000 francs environ).
©EPER

Au Sénégal, soutien à la transformation du lait

Lait
Comme en Suisse, les éleveurs sénégalais voient leurs terres touchées par le réchauffement climatique. L’EPER y finance différents projets pour permettre à la communauté peule de mieux valoriser son travail.

«Depuis que je suis petite, ce sont les femmes qui traient les vaches, c’est comme ça chez nous les Peuls… Et les vaches ne laissent pas les hommes s’approcher!» plaisante Oumou Sow, paysanne sénégalaise, dans un film produit par l’Entraide protestante suisse (EPER). Effectivement, la traite et la transformation du lait sont traditionnellement dévolues aux femmes. Une source de revenus précieuse pour celles qui sont aussi chargées de financer la scolarisation des enfants et les repas familiaux.

Mais ce lait, abondant à la saison des pluies, était parfois perdu. La race locale, le zébu Gobra, produit 5 litres de lait par jour; mais 1 % du cheptel, issu du croisement avec des races exotiques comme la brune des Alpes, peut donner jusqu’à 15 litres. «Nous en remplissions des calebasses, que nous vendions ensuite à la gare routière. A la fin de la journée, tout le lait que nous n’avions pas vendu avait tourné: nous étions obligées de le jeter», se souvient Adji Daf, fromagère issue d’une famille d’éleveuses.

Fromage et lait caillé

Il existait une tradition de transformation du lait au Sénégal, mais elle restait artisanale. Grâce à des formations dispensées par le Centre d’études, de recherche et de formation en langues africaines (Cerfla), organisation partenaire de l’EPER, les éleveuses peuvent désormais transformer, valoriser et conserver ce lait avec plus de moyens (tank à lait, mélangeur, chauffage au gaz et ferments pour la pasteurisation). Outre le lait caillé obtenu après pasteurisation, elles fabriquent du fromage, du yoghourt et de l’huile de beurre de vache, aussi connu sous le nom de beurre clarifié (ou ghee, en Inde). Il s’agit d’une technique offrant «une solution de valorisation du lait dans les zones où il n’y a pas de chaîne de froid. L’huile se conserve à l’état naturel sur presque un an», précise Amadou Gueye, directeur de l’EPER au Sénégal.

Laiteries dans les grands villages

Soutenues également sur le plan scolaire (alphabétisation), des femmes développent leurs compétences peuvent prévoir leurs dépenses et leurs recettes, investir. Certaines se sont regroupées pour développer des laiteries dans les grands villages, permettant aux éleveuses de vendre leurs excédents de lait. Reste que le changement climatique produit ici aussi ses effets. Le Ferlo, région de 70 000 km2, connaît des épisodes de sécheresse toujours plus fréquents et extrêmes. La saison des pluies y démarre chaque année un peu plus tard et les précipitations se réduisent. L’herbe à pâturer diminue, les buissons épineux, boudés par les bêtes, se multiplient. «Soit les vaches n’ont pas assez de lait pour une transformation en quantité, soit elles partent en transhumance: d’où l’indisponibilité du lait sur une certaine période de l’année (mars-juin)», explique Safiatou Balde Loum, secrétaire exécutive du Cerfla.

Devant cet avenir incertain, le Cerfla, soutenu par l’EPER, encourage également les femmes à développer des activités complémentaires: vente de fruits et légumes, fabrication de savons ou de gâteaux de jujube.

Visionnez le documentaire Ferlo, à la recherche d’un nouvel équilibre (50 min) et soutenez l’EPER sur www.eper.ch.