L’Action chrétienne en Orient

L’Action chrétienne en Orient fête son centenaire / ©ACO
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L’Action chrétienne en Orient fête son centenaire
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L’Action chrétienne en Orient

Centenaire
L’Action chrétienne en Orient, active en Suisse, aux Pays-Bas, au Liban, en Syrie, en France, en Egypte et en Iran, fête son centenaire. Regard sur cette histoire avec son directeur, Mathieu Busch.

Née à l’initiative du pasteur alsacien Paul Berron, qui a alerté sur le génocide arménien en 1916, l’Action chrétienne en Orient (ACO) est aujourd’hui une association missionnaire protestante. Elle soutient des oeuvres chrétiennes au Moyen-Orient, principalement protestantes, dans le domaine de l’éducation, du social, de la santé, de la solidarité. Elle participe aussi à la résolution de conflits, à la formation théologique et à la vie d’Eglise.

Matthieu Busch, pasteur, directeur de l'ACO

Avez-vous des ressources et l’énergie pour fêter le centenaire alors qu’au Liban vos partenaires souffrent de la crise?

La démarche du centenaire, initiée dès 2019, resserre notre communion et nos liens, mais vise aussi à nous faire connaître au-delà de notre cercle. Pour nos partenaires orientaux, c’était important de marquer la reconnaissance pour le passé en regardant vers l’avenir.

Au Liban, c’est sûr, nous sommes plus que jamais dans un enchevêtrement de crises. La conséquence pour l’ACO, c’est que nous participons aux salaires des pasteurs du Synode protestant arabe, au fonctionnement des écoles, à l’achat de médicaments… Ces demandes exceptionnelles ne correspondent pas aux projets habituels. Cela a exigé des efforts supplémentaires pour collecter des dons, réunir des partenaires et envoyer l’argent, car les virements vers le Levant se sont complexifiés.

En cent ans, la présence chrétienne au Moyen-Orient s’est drastiquement réduite. Comment voyez-vous le futur?

Pour comprendre cette région, il ne faut pas juste avoir une analyse religieuse, sinon on rétrécit sa compréhension des choses et on réduit les chrétiens d’Orient à de «pauvres victimes». Du point de vue syrien et libanais, ce sont les Iraniens qui subissent un régime autoritaire!

Il est vrai que Daech a causé des persécutions et des crimes. On peut parler d’absence de libertés religieuses. Cependant, il existe au sein des christianismes des mouvements d’émancipation. Je pense par exemple au mouvement We choose abundant life (Nous choisissons une vie en abondance), qui va à rebours d’une position de protection et victimaire: il oeuvre à la construction d’une vraie société civile, où les religions sont déconnectées de la vie politique.

Conserver la diversité politique, culturelle et religieuse de la région est aujourd’hui l’enjeu de fond.

Dieu agit dans les crises

Est-ce que vous voyez une opportunité dans cette crise?

Bien sûr, la situation est dramatique. Mais ce que l’on fait dans ce contexte a d’autant plus de sens. Dieu agit dans les crises: des médecins ou des avocats ont rejoint les Eglises protestantes avec des vocations de pasteurs tardives, malgré la situation! Le risque pour l’ACO, comme pour les Eglises d’Orient, c’est de se concentrer sur sa survie et de se transformer en ONG.

Notre vocation chrétienne mise sur l’espérance. Nous sommes une communion d’Eglises: entre nous transitent de l’argent, mais aussi des salutations, des prières, des messages, des informations…

Nous sommes dans un monde très proche, géographiquement: lors des attentats de 2015 en France, les prières sont venues du Moyen-Orient! Et les réfugiés de la guerre syrienne se sont installés ici. Nous traitons de sujets communs, mais dans des sociétés différentes.

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