Bon pour la tête

Camille Andres / ©Max Idje
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Camille Andres
©Max Idje

Bon pour la tête

Edito
Comment vont les personnes qui arrivent dans notre pays? Dans quel état sont-elles, physiquement et psychiquement? De quels soins ont-elles besoin?

Dans le domaine de l’exil, comme dans notre quotidien, la santé mentale reste un phénomène peu abordé, peu compris. Bouger, prendre soin de son corps est pourtant valorisé. Et s’il en était de même pour la tête?

Il ne s’agit pas juste de déclarer le bien-être psychique comme fondement d’une vie bonne. Mais de mettre ce droit en oeuvre effectivement: prendre le temps de se demander à soi-même comment on va, reconnaître le besoin de parler avec un ou une psy, changer le vocabulaire autour de tous ces sujets, identifier les situations – familiales, professionnelles, sociales – qui provoquent des souffrances, sortir des schémas et des relations qui ne nous épanouissent pas et, surtout, normaliser tout ça!

Quand, contraint et forcé, on s’installe dans un pays, on a tendance à se conformer aux normes locales, jusqu’à s’effacer parfois. Ce n’est que lorsque nous aurons banalisé le soin psychique collectivement qu’il pourra devenir une évidence aussi pour les nouveaux arrivants.

Les Eglises sont déjà très actives dans le domaine, leurs professionnel·les s’impliquent pour ce mieux-être, notamment dans les centres fédéraux pour requérants d’asile. Mais les blessures et douleurs dues à la migration ne se limitent pas au temps d’une procédure administrative. Comme tout trauma, elles constituent une déflagration qui peut ressurgir des années plus tard. Changer de pays prend un jour, une semaine ou un an, retrouver son équilibre peut durer une vie.