Des craintes pas forcément fondées

Hors les murs: un verset et un chocolat à offrir / ©Eric Roset
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Hors les murs: un verset et un chocolat à offrir
©Eric Roset

Des craintes pas forcément fondées

Hors les murs
Au sein de la très laïque Genève, la présence de stands de l’Eglise protestante de Genève (EPG) dans l’espace public découle de l’un des axes stratégiques de la mission décidés par son assemblée délibérante.

En 2005, lors de la réoganisation de l’EPG, les Régions avaient été incitées à développer des projets novateurs avec l’objectif d’être au contact de la population et de témoigner de leur foi. La Région Rhône-Mandement avait alors lancé le projet «Ouverture hors les murs», s’interrogeant sur le lieu public où elle pouvait faire acte de présence. Ce sera dans le plus grand centre commercial du canton, celui de Balexert, où elle tiendra un stand chaque année entre 2007 et 2016. Avec le directeur de l’EPG de l’époque, Jean Biondina, le pasteur Philippe Vonaesch avait rencontré le directeur de Balexert: «Nous nous sommes rendu assez vite compte qu’il ne fallait pas proposer quelque chose de trop confessant. Le centre commercial devait garder une neutralité religieuse. Nous n’avons, ainsi, pas pu présenter une exposition consacrée à la Bible alors même qu’elle était axée sur les angles historique, culturel et patrimonial.»

Le choix de la Région Rhône-Mandement s’était donc porté sur la présentation de la campagne annuelle de carême. Les 20 à 30 bénévoles nécessaires pour tenir le stand durant une semaine entière étaient protestants et catholiques, l’œcuménisme étant une valeur cardinale à Meyrin. «Le public nous a toujours fait nous sentir bienvenus. Le fait que les Eglises s’engagent pour la justice humaine et environnementale était très bien accueilli. Cette rencontre dans un lieu public neutre a clairement rendu certaines personnes plus enclines à aborder avec nous des questions spirituelles ou des sujets religieux. Elles se sont senties plus libres que dans une Eglise», se remémore Philippe Vonaesch. 

Un verset et un chocolat à offrir

Ces dernières années, le Secrétariat central de l’EPG a installé un «Bar du Paradis» à plusieurs reprises dans différents lieux publics afin de témoigner hors les murs. Le concept de ce stand dans la rue est d’offrir aux passants et aux passantes une douceur pour le cœur (un verset) et une douceur pour le corps (un chocolat), à la fois afin de provoquer une rencontre et de se faire connaître des Genevois et des Genevoises.

L’Eglise a notamment tenu ce stand convivial quelques samedis dans le quartier des grands magasins et à plusieurs reprises en décembre lors du traditionnel marché de Noël de Carouge. Les tables hautes, décorations et autres accessoires coordonnés ont également été prêtés à des paroisses qui les ont déployés à leur tour lors d’événements locaux. L’EPG n’a jamais pensé qu’il était nécessaire de donner des consignes sur la façon de répondre aux gens afin d’éviter les réactions négatives.

En décembre dernier, la Région Salève a ressorti pour la première fois depuis longtemps le «Bar du Paradis» afin de l’installer sur la parcelle devant le temple de Carouge durant le marché de Noël. «Notre objectif était la rencontre, provoquée avec le verset. Il n’était pas question de prosélytisme, même s’il nous est arrivé de parler de nos activités et de notre foi lorsque les gens étaient ouverts et réceptifs. Je trouve que c’est intéressant que l’Eglise investisse des moments comme ceux-là», explique la pasteure Carolina Costa.

Dans le cadre de ce retour d’une présence protestante au marché de Carouge, la Région Salève a également mis sur pied deux tentes, l’une pour proposer la réalisation d’un bricolage autour d’une bougie, l’autre pour raconter l’histoire de la crèche de Noël. «Nous avons été très bien accueillis par les visiteurs et les visiteuses, parmi lesquels des personnes d’autres religions. Une dame juive m’a dit que c’est précisément ce qui manquait ces dernières années à ce marché. J’ai l’impression que nos craintes que notre présence soit mal interprétée ne sont pas forcément fondées», conclut Carolina Costa.