Notre avenir, c'est l'âge!

La vie peut s’épanouir dans ce lien entre jeune et vieux. / ©Pixabay
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La vie peut s’épanouir dans ce lien entre jeune et vieux.
©Pixabay

Notre avenir, c'est l'âge!

Eva Vogel, paroisse de langue allemande
23 février 2021
PENSÉES
Notre petit groupe attirait l’attention dans la rue: mon vieux père en fauteuil roulant. Moi qui le poussais. Et mes petits-enfants, âgés d’environ 2 et 4 ans, à l’époque, qui le tenaient à gauche et à droite. «Mais quelle chance vous avez, Monsieur!» s’exclamèrent deux femmes âgées, s’approchant de nous. «Quelle chance!»

Nous n’étions pas aussi chanceux qu’il n’y paraissait. Mon père avait dû déménager en EMS après un accident vasculaire cérébral. Ma soeur habitait à proximité. Et nous venions les jours de congé. Cela n’a pas toujours été facile entre nous, en famille. Mais quand Papa ne pouvait plus parler, notre relation a changé. Juste en se regardant en bienveillance et en souriant, quelque chose s’était approfondi entre nous. Et l’affection spontanée des enfants a aussi contribué. Donc, les dernières années partagées sont devenues un cadeau. Du vécu difficile a encore pu être concilié. Et à la fin, nous avons pu dire adieu en paix.

Aujourd’hui, dans ma paroisse âgée, je témoigne d’autres chances de nouveau départ que la vieillesse a encore en réserve. Les «jeunes vieux» ont le temps de rattraper certains projets manqués auparavant. Et beaucoup de ces personnes soutiennent leurs enfants et petits-enfants. Dans la vie quotidienne trépidante des jeunes, ils balancent et corrigent certaines choses. De même, les aînés ont soutenu la paroisse, pendant des décennies. Et grâce à des visites et des appels, ils continuent de garder dans la communauté ceux encore plus âgés qui ne peuvent plus sortir pour participer.

On entend souvent : les enfants sont notre avenir. Oui. Et la vieillesse aussi! En plus, ils sont notre présent, où le divin se retrouve parmi les plus faibles en besoin d’être accompagnés. Les couches sont le signe, disent les anges aux bergers à Noël. Ils pointent vers le tout humain qui est embrassé par Dieu.

La crise sanitaire actuelle nous montre à quel point un système est fragile, où tout est calculé et dirigé pour qu’il soit censé tenir. En contrepartie, Dieu dans les couches puis l’action de Jésus adulte nous ouvrent les yeux sur la vulnérabilité et la dépendance de nos vies, de nos débuts jusqu’à la vieillesse. Et la vie ne peut que s’épanouir dans l’amour, la tendresse, les sacrifices, et même dans les défis désagréables. Dans la solidarité, en nous donnant à nos aînés, comme à nos jeunes, nous allons être surpris de ce que nous recevrons, les un·e·s des autres – dans les familles, dans la société et aussi dans l’Église.