Un nouveau coordinateur régional

Laurent Lasserre avec des enfants. / ©DR
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Laurent Lasserre avec des enfants.
©DR

Un nouveau coordinateur régional

René Giroud
31 août 2023
Portrait
En septembre, Laurent Lasserre prend la succession de Philippe Morel en tant que coordinateur régional. C’est l’occasion de découvrir qui est ce ministre actif dans la région depuis un certain temps.

Qui est Laurent Lasserre? Quel est son parcours de vie?

Laurent Lasserre

Je suis pasteur depuis 2010. Après un stage pastoral en 2009 à Grandson, j’ai travaillé deux ans à Vallorbe. Cette première paroisse a été l’occasion pour moi de partager avec le conseil de paroisse la vision et la vie de la paroisse. Je suis heureux des liens que j’ai pu tisser avec les paroissiens. Il m’arrive parfois d’en croiser l’un ou l’autre et c’est pour moi une joie de les revoir, d’échanger avec eux.

J’en garde de très bons souvenirs. Mais c’est aussi à ce moment que j’ai découvert le besoin de ne pas être seul dans un poste mais de le partager avec un·e collègue.

La région du Gros-de-Vaud m’avait proposé un mi-temps en aumônerie de jeunesse et un mi-temps dans la paroisse de la Haute-Menthue. C’était pour moi l’occasion de travailler en trio et en duo. Tout n’était pas toujours simple, mais je suis reconnaissant de partager cette réalité avec un·e collègue plus expérimenté·e malgré des regards différents. Cette complémentarité m’enrichit et décuple ma motivation. Cela permet de mieux exploiter nos forces et de se nourrir mutuellement.

Aujourd’hui, je quitte la paroisse de la Haute-Menthue avec reconnaissance et regrets. Reconnaissance de tout ce qui a pu se vivre et des belles amitiés tout au long de ces années et regrets de la séparation et de tout ce que j’aurais aimé faire sans en trouver le temps.

Le poste du Talent qui se libérait m’ouvrait la possibilité de travailler à la paroisse de mon domicile et de per- mettre à notre famille d’éviter un déménagement. J’ai donc sauté le pas, et me réjouis de la confiance qui m’est faite par les paroissiens et l’Eglise.

Qu’est-ce qui t’attire dans la fonction du ministre de coordination?

Comme aumônier de jeunesse et comme pasteur, j’ai toujours apprécié de découvrir comment les autres vivent l’Evangile. Ainsi aux Rameaux, j’aime quand ce sont les catéchumènes qui parlent du texte biblique. Mon rôle devient alors celui d’un accompagnateur qui leur donne quelques outils théologiques et que ce soit eux qui rendent le texte biblique audible et concret.

Je m’enrichis de la confiance qui naît d’un tel partage et me réjouis de le vivre à un autre niveau avec des collègues en les soutenant de mon mieux pour qu’eux et leurs paroissiens puissent donner au mieux leur juste valeur. Je trouve que c’est un défi motivant de participer à l’organisation de la vie régionale pour permettre à chacun d’être au mieux dans sa fonction au service de l’Evangile. Je me réjouis de travailler dans le conseil régional pour accompagner au mieux notre région.

En postulant pour une telle fonction, je sais que certaines choses seront meilleures et d’autres moins bonnes, que tout ne sera pas parfait, mais avec l’aide de Dieu et des autres, je crois qu’un chemin à la suite de mes prédécesseurs et avant mes successeurs est possible et je me réjouis de vivre ce cheminement. 

Que souhaites-tu apporter à la région?

J’ai envie d’apporter mes compétences d’organisateur, ma motivation et mon élan. Je suis conscient qu’un des grands défis sera les repourvues, notamment dans les conseils. La vie de chacun de nos lieux d’Eglise est aussi un grand défi. Je n’ai pas de solution, mais la foi qu’ensemble nous pouvons agir et qu’avec l’aide de Dieu, les limites ne sont pas forcément celles que nous voyons. Je trouve essentiel de faire avec ceux qui s’engagent et je tiens à les remercier, quel que soit leur niveau d’engagement, du temps, de l’énergie et des prières qu’ils offrent au service du Christ.

Qu’attends-tu de la région, des paroisses, des ministres et des paroissiens?

Que nous sentions toujours que c’est l’amour de Dieu qui est le plus fort. Des désaccords, des déceptions, des découragements, du dépit, de la nostalgie et des échecs peuvent survenir et pourtant, nous sommes appelés à vivre ensemble. Si Dieu nous pardonne chaque fois que nous pêchons, et il semble même ne pas perdre patience, ne pourrions-nous pas chacun, moi le premier, apprendre à mieux aimer, et à essayer à nouveau. Les prochaines années seront probablement décisives pour l’avenir de l’Eglise. Certains choix vont sans doute impacter la suite de son existence. Encourageons-nous à discerner ensemble et rappelons-nous que de toute façon ce n’est qu’après coup que chacun sait ce qu’il aurait fallu faire. Agissons donc de notre mieux en nous rappelant qu’ailleurs dans le monde certains chrétiens sont persécutés et que nous ne sommes pas les plus à plaindre.

Rappelons-nous aussi qu’à chaque période et à chaque changement, nous avons tendance à croire que c’est maintenant que tout se joue, alors qu’en fait ce n’est souvent que bien après qu’on peut savoir si c’était véritablement un tournant ou pas.

Gardons le cap, ensemble avec espérance en nous laissant conduire par Dieu.

Comment es-tu entré en contact avec la foi?

Enfant de deux parents pasteurs, heureux et épanouis dans leur ministère, je me suis projeté dans leur métier, comme tout enfant avec ses parents, et j’ai eu envie d’essayer. A l’âge de 4 ans, j’ai dit à mes parents et autour de moi que je serais pasteur. Il m’est arrivé d’hésiter avec d’autres professions, mais le plaisir que j’ai eu en donnant des coups de main au Culte de l’enfance puis au catéchisme et dans d’autres activités m’a encouragé dans ce métier. J’ai aussi été reconnu dans ce rôle-là par certains camarades me confiant parfois leurs soucis ou leur manque de foi.

Ces questionnements m’ont confronté à mon manque de connaissance et d’expérience et ont très probablement contribué à nourrir mon questionnement autour de la foi et de l’aide que je pouvais apporter autour de moi. Je me rappelle ainsi avoir lu le livre de Shafique Keshavjee, Le roi, le sage et le bouffon, et même m’être permis de lui écrire pour lui dire ce qui aurait pu être différent dans son livre. Une audace que je n’oserais peut-être plus avoir aujourd’hui...

Ma vie de foi a évolué. Pourtant, aujourd’hui, je me nourris toujours des chants d’Eveil à la foi et de Culte de l’enfance. Ma période de l’adolescence a été marquée par un moment charnière. Un jour, je me suis dit: «Est-ce que je crois en Dieu parce que mes parents sont pasteurs et que je viens d’une famille croyante ou est-ce que c’est véritablement mon choix?» Je me suis donc donné une journée, pour réfléchir à l’existence de Dieu. A la fin de la journée, ou plutôt trois heures après m’être posé la question, je suis arrivé à la conclusion que Dieu existait, et sauf circonstance extraordinaire, je n’allais pas me poser la question chaque jour, car ça m’obligerait à perdre trop de temps et m’empêcherait de me poser des questions plus profondes... En repensant à cette période, je suis très heureux d’avoir pu essayer comme accompagnateur différentes activités et surtout d’avoir côtoyé des gens (laïcs et ministres) qui m’ont aidé face à mes er- reurs et encouragé. Ce regard attentif et bienveillant m’a permis (et me permet toujours) de progresser.

Il m’est arrivé de reprendre la question de l’existence de Dieu et aussi de me demander si je suis un bon pasteur, mais il m’est arrivé plus souvent encore de me questionner sur ce que Dieu attend de mes agissements dans des situations, sur comment témoigner de son amour infini lorsqu’un décès survient ou qu’une personne est touchée par la maladie, l’injustice, etc.