Plus de recettes fiscales malgré le nombre réduit de membres

Image d'illustration / © iStock/Burgeon
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Plus de recettes fiscales malgré le nombre réduit de membres

Vanessa Buff, Ref.ch, das Portal der Reformierten/Protestinfo
3 septembre 2019
Plusieurs Églises cantonales réformées alémaniques ont annoncé lors de leur synode d'été qu'elles avaient perçu davantage de revenus via l’impôt ecclésiastique en 2018. Explications.

La plainte est omniprésente: les Églises réformées deviennent plus petites, plus vieilles, plus pauvres. Mais si les deux premiers points sont incontestés, le troisième ne semble pas confirmé, du moins si l'on se base sur les comptes de l'an dernier des Églises cantonales. L'analyse des documents montre que pratiquement toutes les Églises de Suisse alémanique ont réalisé des bénéfices en 2018. Seule l'Église de Bâle-Ville, qui connaît des difficultés financières depuis des années, était dans le rouge.

En Suisse alémanique, plusieurs Églises ont fait état de recettes fiscales plus élevées, alors même que le nombre de leurs membres a stagné ou a continué à baisser en 2018. C’est notamment le cas des Églises d'Appenzell, de Zoug, de Schaffhouse, de Saint-Gall et de Thurgovie. Dans ces cantons, l’impôt ecclésiastique est calculé sur la base de l’impôt cantonal. Quelles sont les raisons de ce paradoxe?

«Les gens ont tout simplement de plus en plus d'argent», lâche Richard Rickli, conseiller financier de l'Église évangélique réformée de Schaffhouse. Les comptes de son Église régionale se sont clôturés en 2018 avec un excédent de 622'000 francs. Un bénéfice de 147'000 francs avait été budgété. Lors du synode de mi-juin déjà, Richard Rickli avait présenté le résultat en relation avec les recettes fiscales, qui avaient augmenté de plus de 100 francs par habitant depuis 2006. Cependant, si l'on considère les trente dernières années, les recettes fiscales ont eu tendance à baisser, malgré l'inflation. «Il s'agit donc d'une fenêtre d'opportunités relativement petite dans laquelle nous sommes parvenus à nous engouffrer», précise Richard Rickli.

«L'érosion continue»

Une réduction d'impôts, comme l'ont déjà demandé les milieux libéraux, est donc hors de question pour le conseiller financier. «Nous devons à présent agir avec prudence. Parce qu'une chose est claire: l'érosion des membres se poursuit.» L'Église de Schaffhouse s'est fixé comme objectif de constituer une réserve à hauteur de la moitié du chiffre d'affaires annuel, ce qui a été atteint. Richard Rickli envisage donc que les bénéfices futurs iront à un fonds d'innovation avec l'aide duquel l'Église développera des solutions pour les défis de l'avenir. À l'automne, le Conseil synodal soumettra une proposition au synode.

Les baby-boomers compensent leurs échecs

Wilfried Bührer, président du Conseil synodal de l'Église évangélique du canton de Thurgovie, regarde également avec retenue les chiffres positifs de l'année écoulée. Les comptes thurgoviens ont été clôturés en 2018 avec une plus-value d'environ 199'000 francs. Le produit de l'impôt central s'est élevé à CHF 5'146’400 au lieu des CHF 5'060’000 prévus au budget.

Pour Wilfried Bührer, le phénomène s’explique principalement par la génération dite des baby-boomers, née entre le milieu des années 1940 et le milieu des années 1960. «Les baby-boomers sont souvent doublement rémunérés, avec de bons emplois et des revenus élevés, et ils ont moins souvent quitté l'Église que les personnes des générations suivantes». En d'autres termes, puisque cette génération à revenu élevé est bien représentée dans l'Église, elle compense avec ses impôts pour la perte de revenu due aux sorties d’Église. Inversement, cela signifie aussi que la situation financière de l'Église est susceptible de changer dès que les baby-boomers prendront leur retraite ou mourront.

Cependant, comme la démographie ne peut être influencée et que les impôts ne peuvent être perçus à l'avance, la seule solution au problème pour le président du Conseil synodal est de conserver ses membres. Les membres passionnés s'impliqueraient dans l'Église et donneraient peut-être même un montant volontaire à un projet, imagine Wilfried Bührer. «Pour moi, cela signifie que nous devons renforcer le cœur de l'église, même si les bords s'effritent.» - Vanessa Buff, Ref.ch, das Portal der Reformierten/Protestinfo