Socrate, Bouddha et Jésus font salle comble à Vidy

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Socrate, Bouddha et Jésus font salle comble à Vidy

29 septembre 2009
Lausanne - Si les Eglises se vident, comme le martèlent les statisticiens, les salles de théâtre se remplissent quand Frédéric Lenoir, l'invité du grand débat lundi soir 28 septembre à Vidy, vient parler de Socrate, Bouddha et Jésus. Près de 500 personnes sont venues écouter les arguments du philosophe français chrétien catholique, présentant trois figures, qui ont émancipé chacun à leur manière, selon lui, l'homme de l'assujettissement au groupe.


« Je suis un croyant agnostique », assène-t-il d'entrée de jeu face à Jacques Poget, chroniqueur à 24 Heures. « Je suis croyant par intuition et agnostique par la raison », poursuit l'homme, dont le chroniqueur dit que le cheminement philosophique est en phase avec celui de ses contemporains pour expliquer ses succès en librairie.

Frédéric Lenoir a choisi de parler de Socrate, Bouddha et Jésus, parce qu'il les considère comme les pères de la modernité, dont l'enseignement émancipe l'individu face au groupe. Outre sa propre subjectivité, Frédéric Lenoir n'aurait pas pu choisir Mohammed, Confucius ou Moïse, car ces prophètes ou maîtres spirituels placent le groupe avant l'individu, selon lui.

Il lit d'abord Socrate à 14 ans, dont il suit la méthode de questionnement pour se connaître lui-même. Puis Bouddha peu après, dont il apprendra la méditation qu'il pratique toujours. Avant de découvrir Jésus vers 19 ans en lisant l'Evangile selon Jean. « Je pensais le christianisme culpabilisant et déresponsabilisant », a-t-il expliqué avant que ses préjugés ne tombent.

Frédéric Lenoir se considère comme un chrétien sans Eglise: « mais je ne suis pas un chrétien isolé: je fais une retraite une fois par an dans un monastère pour me ressourcer ». Pour lui, l'Eglise est un moyen, rien de plus.

 

Sa démarche a quelque chose du syncrétisme en vogue Ce chemin est-il ouvert à tous? « Oui, a priori » tout en ajoutant un bémol. « Il y a des fragilités qui ne permettent pas ce chemin. Tout le monde n'a pas non plus les outils intellectuels pour entamer une telle démarche. Mais peu importe, au coeur de chaque tradition, on retrouve le coeur de toutes les traditions. Des êtres simples, ancrés dans une tradition, ont vécu des fulgurances de la foi que des intellectuels auront mis des années à découvrir ».

Un participant au débat a déclaré que la Suisse n'a pas suffisamment célébré les 500 ans de Calvin, une figure centrale du christianisme. Catholique, M. Lenoir reconnaît à la révolution protestante cette volonté de revenir aux sources. Il avoue en revanche avoir davantage de peine avec le concept réformé de prédestination, c'est-à-dire cette idée que l'homme est condamné ou sauvé indépendamment de ses actes.

Face à l'athéisme militant dont le Britannique Richard Dawkins (« Pour en finir avec Dieu ») ou le Français Michel Onfray sont les porte-drapeaux, M. Lenoir relève leur méconnaissance du « fait religieux » en particulier quand ils nient l'importance civilisationnelle des religions comme le rôle qu'elles ont aussi joué dans le progrès de la connaissance: « Isaac Newton avait par exemple pour objectif de décrypter le livre de Dieu ».

Répondant affablement aux questions du public s'interrogeant sur la laïcité, le voile en passant par l'esprit saint, Frédéric Lenoir est applaudi quand il explique par exemple le sens que peut avoir la souffrance des innocents pour les chrétiens. L'assiduité du public, la qualité de son attention comme celle de ses interventions aura de quoi rasséréner ceux qui se morfondent devant les statistiques indiquant la croissance inexorable des sans-confessions.

 

Infos:
Pour en savoir plus sur le journal "Le Monde des religions", les livres et émissions de radio sur France Culture, les conférences et le passage en Suisse (Berne, Vevey, Morges) en novembre de la pièce de théâtre « Bonté Divine », voir le site de Frédéric Lenoir: www.fredericlenoir.com