USA: plus d'un quart des évangéliques blancs croient aux théories QAnon

Grâce à un sondage, il a récemment été permis d’établir que les théories conspirationnistes ont la peau dure aux États-Unis du côté des républicains et des évangéliques, de même que la théorie selon laquelle l’attaque du Capitole serait un coup monté par l’Antifa. / RNS
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Grâce à un sondage, il a récemment été permis d’établir que les théories conspirationnistes ont la peau dure aux États-Unis du côté des républicains et des évangéliques, de même que la théorie selon laquelle l’attaque du Capitole serait un coup monté par l’Antifa.
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USA: plus d'un quart des évangéliques blancs croient aux théories QAnon

RNS
18 février 2021
Grâce à un sondage, il a récemment été permis d’établir que les théories conspirationnistes ont la peau dure aux États-Unis du côté des républicains et des évangéliques, de même que la théorie selon laquelle l’attaque du Capitole serait un coup monté par l’Antifa.

Un nouveau sondage rapporte que plus d'un quart des protestants évangéliques blancs croient en la théorie conspirationniste des QAnons, qui prétend que l'ancien président Donald Trump lutte secrètement contre une cabale de démocrates pédophiles. De plus, le sondage montre que la moitié d'entre eux expriment leur soutien à l'affirmation démentie selon laquelle l’Antifa est responsable de la récente insurrection au Capitole américain.

Le sondage indique que les données indiquent un fossé idéologique croissant, non seulement entre les évangéliques blancs et les autres groupes religieux du pays, mais aussi entre les républicains évangéliques blancs et les autres membres de leur propre parti. L'enquête, menée par l’American Enterprise Institute (AEI), a révélé que 29% des républicains et 27% des évangéliques blancs - la plus grande proportion de tous les groupes religieux - estiment que la théorie du complot QAnon, largement démystifiée, est totalement ou plutôt exacte. Le QAnon a également infiltré d'autres religions, avec 15% des protestants blancs, 18% des catholiques blancs, 12% des non-chrétiens, 11% des catholiques hispaniques et 7% des protestants noirs qui disent y croire.

En outre, de larges sous-ensembles de chaque groupe - allant de 37% des non-chrétiens à 50% des catholiques hispaniques - ont déclaré qu'ils «n'étaient pas sûrs» que la théorie soit vraie. Selon Daniel Cox, directeur du centre d’enquête de l'AEI, le rapport suggère que les théories du complot bénéficient d'un soutien en général plutôt surprenant, mais que les évangéliques blancs semblent être particulièrement prêts à les adopter, «une fissure dramatique».

Croyance, malgré le discrédit

On dénote également un soutien important parmi les évangéliques blancs pour l'affirmation que les membres de l'Antifa, ou les activistes antifascistes, sont «principalement responsables» de l'attaque du Capitole américain - une affirmation qui, bien que discréditée, a été répétée par l'ancien avocat du Trump, Rudy Giuliani, ainsi que les leaders religieux conservateurs tels que le révérend Franklin Graham. Les responsables du FBI ont déclaré qu'il n'y a «aucune indication» que l'Antifa ait joué un rôle dans cette insurrection.

Malgré tout, l'histoire est restée gravée dans l'esprit de nombreux Américains, dont 49% des protestants évangéliques blancs, qui ont déclaré que l’implication d'Antifa était totalement ou en grande partie vraie. Il en va de même pour 36% des catholiques blancs, 35% des catholiques hispaniques, 33% des protestants blancs, 25% des protestants noirs et 19% des non-chrétiens. Parmi les personnes non affiliées à une religion, 22% ont également exprimé leur croyance dans la théorie.

Des personnes pourtant pas plus déconnectées

Interrogé sur les raisons pour lesquelles les évangéliques blancs semblent avoir une probabilité disproportionnée à adhérer aux théories du complot, Daniel Cox a fait remarquer que, en tant que groupe, ils ne correspondent pourtant pas à un stéréotype des théoriciens du complot en tant que personnes déconnectées de l'interaction sociale. Au contraire, la plupart d'entre eux conservent des liens solides avec divers groupes sociaux. Les évangéliques blancs se distinguent donc d'une manière différente: la grande majorité d'entre eux déclarent que certains ou beaucoup de membres de leur famille (81%) ou d'amis (82%) ont voté pour Trump aux élections de 2020 - plus que tout autre groupe religieux. «Les personnes qui croient fermement en ces choses ne sont donc pas plus déconnectées – mais elles sont désormais plus ségréguées politiquement», selon Daniel Cox.

La caisse de résonance sociale qui en résulte, a-t-il soutenu, permet aux théories du complot de se répandre sans contrôle. «Ce genre d'environnement est vraiment important quand il s'agit d'adopter ce genre de pensée», a-t-il déclaré. «Vous voyez les gens adopter ce type de pensée conspiratrice, et tout le monde dans leur cercle social se dit que cela semble correct, et qu’il serait judicieux de considérer tout cela avec crédulité.»

Encore d’autres complots

Les évangéliques blancs expriment également un soutien solide à d'autres théories du complot. Près des deux tiers (62%) pensent que la fraude électorale a été généralisée lors des élections de 2020 –  malgré les nombreux experts et tribunaux à tous les niveaux qui ont réfuté ces affirmations – et environ le même pourcentage (63%) pense que la victoire du président Joe Biden n’est «pas légitime». Une majorité (55%) a également déclaré qu'elle pensait qu'il était plus ou moins exact de dire qu'«un groupe de fonctionnaires non élus à Washington, appelés "État profond" travaille à miner l'administration Trump».

Ces données mettent déjà en évidence cette spécificité idéologique des évangéliques blancs, même parmi les personnes qui s'identifient comme républicains ou qui penchent pour le parti, signalant un «fossé»  de plus en plus important au sein du Parti républicain entre les personnes qui s'identifient comme chrétiens évangéliques et celles qui ne le font pas. Les évangéliques blancs se sont également distingués des autres groupes religieux lorsqu'on les a interrogés sur le potentiel d’un passage à l’action par la violence: 41% étaient complètement ou plutôt d'accord avec l'affirmation «si les dirigeants élus ne protègent pas l'Amérique, le peuple doit le faire lui-même, même si cela nécessite des actions violentes».