Tout n’est plus si noir

© iStock
i
© iStock

Tout n’est plus si noir

Camille Andrès et Élise Perrier
28 avril 2020
La pandémie de Covid-19 a charrié son lot d’horreurs, d’injustices, et de pertes. Sous cette série de nouvelles sombres, d’autres histoires sont nées. Sélection de «signaux faibles» porteurs d’espoir.

Des liens entre générations

Les seniors ont été particulièrement touché·e·s par le Covid-19, d’abord parce que, plus fragiles, ils ont payé le plus lourd tribut. Ensuite, pour la même raison, ils ont été particulièrement isolés par protection. Pour contrer leur solitude et les aider à mieux vivre cette période, une vaste série d’initiatives de solidarité intergénérationnelles sont nées. Parmi elles, «Lettres à nos aînés ». L’opération est portée par plusieurs quotidiens et magazines romands ainsi que par l’émission Porte-plume sur La Première. Chaque jour, une lettre est adressée aux personnes les plus concernées par le Covid-19. «1 lettre 1 sourire» propose à chacun d’écrire une lettre qui sera ensuite acheminée à un·e aîné·e en EMS en France, en Belgique et prochainement en Suisse.

www.1lettre1sourire.org

Un profond désir de changement

Le temps si particulier du confinement n’a pas été que négatif, et certains y ont même découvert de quoi se recentrer: méditation, retour sur soi, cuisine et fabrication maison, consommation de produits locaux, recyclage, redécouverte de son quartier, prière… Mais plusieurs des interlocuteurs que Réformés a écoutés durant la pandémie craignent aussi «que tout recommence comme avant». Une enquête anthropologique en ligne offre quelques pistes. Fanny Parise, chercheuse associée à l’Université de Lausanne, commente: «Bien que 94% des personnes interrogées déclarent, pour le moment, bien vivre le confinement, plus de 42% aspirent à changer de vie après cette crise qui, pour 38%, représente la fin de notre modèle de société et le premier effondrement de notre civilisation (46%).» La remise en question semble donc profonde. Elle concerne en particulier «l’évolution de nos modes de vie et d’habiter (notre foyer, notre ville, notre monde), ainsi que notre capacité à penser l’incertain afin de se projeter dans d’autres futurs possibles», remarque l’anthropologue pour qui «le confinement, entrevu comme période de transition, participe à la création de nouveaux récits collectifs pour donner du sens à ce que nous sommes en train de vivre». L’imaginaire, première étape du changement?

Infos : www.pin.fo/confinement 

Les parents redécouvrent leurs enfants

Même si c’est dans des conditions peu idéales (les parents doivent souvent télétravailler tout en s’occupant des enfants), nombreux sont ceux qui manifestent du plaisir à pouvoir être un peu plus avec leurs enfants. «J’apprends à connaître ma fille!» allait jusqu’à dire une jeune maman, d’habitude en voyage de par le monde pour son travail. Ecole fermée oblige: les parents s’impliquent aussi plus dans la scolarité de leurs enfants, au plus grand bonheur des petits.

Enfin libéré·e·s de la société de consommation

La coupe de cheveux en pâtit sûrement, quelques cheveux blancs apparaissent; les chaussures trouées ne sont pas remplacées; on n’achète pas la dernière tenue à la mode, certes. Mais certains profitent de cette période de confinement pour se libérer des diktats de l’apparence et de la consommation.

La générosité va bien, merci!

Notre édition de mars était consacrée au don. Force a été de constater que l’élan de générosité provoqué par cette situation hors norme a été incroyable. Les dons ont pris des formes très différentes, fabrication de masques, de repas, groupes de bénévoles – à Genève, les scouts protestants ou des réfugiés syriens ont ainsi fait des courses pour des personnes vulnérables –, plateformes facilitant la consommation locale, dons pour la recherche, les hôpitaux, les précaires… La philanthropie est bien vivante, sous toutes ses formes, crée de nouveaux liens. Et préfigure, par sa capacité d’innovation, le monde de demain!

Je respire l’air pur

«J’habite dans une rue très passante de Genève. D’habitude, je respire la pollution à longueur de journée. Mais là, j’entends les oiseaux le matin, et l’air est beaucoup plus pur», confiait un professeur d’allemand qui réside dans le quartier de Plainpalais à Genève.