L'EPG nomme ses trois secrétaires généraux

Eléonore Gonnet, Stefan Keller et Emmanuel Rolland. / © Alain Grosclaude
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Eléonore Gonnet, Stefan Keller et Emmanuel Rolland.
© Alain Grosclaude

L'EPG nomme ses trois secrétaires généraux

Rencontre
L’Église protestante de Genève (EPG) a officialisé sa nouvelle gouvernance composée d’un secrétaire général, qui dirige l’administration, entouré de deux adjoint·e·s, chargé·e·s respectivement de la gestion et de la mission. Tou·te·s trois sont entré·e·s en fonction le 1er mars. Rencontre.

Eléonore Gonnet, secrétaire générale adjointe de gestion, est chargée des finances et de l’immobilier. Elle a rejoint l’EPG en avril 2020, en tant que responsable de la comptabilité.

Présentez-vous en quelques mots…
J’ai toujours été croyante. Catholique, j’ai passé une partie de mes études chez les soeurs. J’ai vécu une grande partie de mon enfance et de mon adolescence en Afrique. A 20 ans, lorsque j’ai quitté la Tunisie pour Genève, j’ai découvert le protestantisme et la Réforme. Cette manière de voir les choses était plus proche de mon mode de vie et de mes valeurs que le catholicisme dans lequel je ne me retrouvais plus. Je me suis vraiment trouvée dans le protestantisme. Ma foi m’a permis de tenir le cap face à tous les aléas de la vie. C’est un support de vie qui aide à avancer et à croire en l’avenir et en un monde meilleur.

Pourquoi avoir choisi de rejoindre à l’EPG?
J’ai commencé à travailler en tant que comptable avant de suivre des formations et d’obtenir des diplômes qui m’ont permis d’occuper, dès mes 27 ans, des postes de direction et dans des Conseils d’administration de PME et d’une fondation de droit public. A la suite d’un cheminement personnel, je me suis rendu compte que j’avais besoin de me rendre utile. Je préfère travailler pour défendre des valeurs en lesquelles je crois plutôt que pour la rentabilité au détriment de l’humain. Lorsque le poste de responsable de la comptabilité s’est libéré à l’EPG, je n’ai pas hésité même si c’était en dessous de mes qualifications. J’y trouvais toutes les valeurs qui me sont chères, notamment la justice sociale, le respect, le partage et la tolérance.

Comment voyez-vous votre rôle au sein de l’EPG?
J’en ai deux. Le premier est la gestion de l’administratif et des finances. Il s’agit de continuer l’incroyable travail de mes prédécesseurs, en faisant en sorte d’avoir non seulement des finances stables et saines, mais aussi de la transparence et de la lisibilité sur nos comptes, notamment pour nos donateurs. Le second est d’apporter le plus de soutien possible aux différents services qui font avancer la mission par un système de gestion quotidienne clair, qui nous permette d’anticiper et de mettre en place les projets que nous souhaitons développer.

Quelle est la mission de l’Eglise aujourd’hui?
L’Eglise peut être un lieu d’apaisement et d’explication de la crise sanitaire, économique et écologique que nous vivons. La Parole peut aider à comprendre l’inexplicable. Les pasteur·e·s peuvent éclairer certains moments difficiles par les textes. Je pense que les gens qui vivent aujourd’hui dans la peur de ne pas savoir de quoi demain sera fait ont encore plus besoin de l’Eglise. Plus encore qu’hier, l’Eglise a son rôle à jouer dans la société.

Plus encore qu’hier, l’Eglise a son rôle à jouer dans la société aujourd'hui.

Stefan Keller, secrétaire général, est à la tête de l’administration. En collaboration avec ses adjoint·e·s, il est garant de la cohérence des décisions et de l’action menée par l’administration qu’il dirige et coordonne.

Présentez-vous en quelques mots…
Je suis né dans une famille réformée pratiquante, d’origine argovienne. Le fait d’avoir grandi en Valais, où les protestants sont largement minoritaires, m’a donné une ouverture. Au collège de l’abbaye de Saint-Maurice, où j’ai étudié, le contact avec la foi catholique et l’esprit très humaniste ont été un enrichissement.

En 2014, je me suis engagé au Conseil de paroisse du Mandement. J’ai également été délégué de paroisse au Conseil du Consistoire.

Que pensez-vous pouvoir apporter à l’EPG?
Je suis à l’aise lorsqu’il faut définir et s’engager ensemble dans une nouvelle voie. A l’EPG, il s’agit, notamment, de mettre en oeuvre les changements induits par le nouveau modèle de gouvernance. Mes engagements humanitaires – j’ai effectué plusieurs missions pour le CICR dans des contextes de violence armée, notamment en Colombie, en République du Congo, au Sénégal, au Mali et au Niger – en plus d’avoir été très enrichissants, m’ont appris de nombreuses choses. Comme l’expérience du service, la concertation, le travail en réseau, la conduite d’équipes même en temps d’incertitude. Pour moi, l’interaction est quelque chose de fondamental.

Comment voyez-vous votre rôle au sein de l’EPG?
Dans l’immédiat, la grande priorité, c’est la rencontre. Pour qu’une relation de travail marche, il faut qu’elle soit personnelle. Après la prise de contact avec les collègues au sein du secrétariat, le défi sera d’aller vers les services, les lieux, les pastorales et les personnes.

On ne doit jamais oublier que l’on est au service de l’Eglise et de la communauté plurielle et multiple qui la constitue, c’est-à-dire les salarié·e·s, les pasteur ·e·s, les laïques, les paroissien·ne·s, les personnes sur le seuil et les distancé·e·s. J’espère que l’on aura un peu de patience envers moi, car j’ai encore tant à assimiler!

Quelle est la mission de l’Eglise aujourd’hui?
Dans mes mots, notre mission est d’être des témoins, de porter, d’apporter et de partager un Evangile qui ne soit pas seulement la retransmission d’un passé, mais également adapté en fonction des réalités individuelles et collectives du moment. Ce message doit être la réponse à ce que nous vivons au niveau individuel et social, durant ces périodes de confinement, mais également dans les changements et défis encore plus larges que la pandémie: des défis de solidarité, de durabilité et climatiques. Il s’agit de trouver à chaque fois la forme la plus adaptée à des contextes changeants.

Emmanuel Rolland, secrétaire général adjoint mission, est chargé de la coordination de la mission dans le cadre d’une pastorale d’ensemble.

Présentez-vous en quelques mots…
Je suis né dans les montagnes kabyles où j’ai vécu mes dix premières années, puis les dix suivantes en «France-voisine», avant de m’installer à Genève à 20 ans. Ma mère est originaire du Jura suisse, mon père du bassin méditerranéen, c’est toute l’histoire de ma géographie intime. Pour l’histoire et la géographie spirituelle, mes arrière-grands-parents et mes grands-parents étaient missionnaires en Algérie, libres de toute attache ecclésiale. Ils vivaient enracinés dans la Bible et déployaient une activité exclusivement tournée vers les filles-mères et les orphelins. Mon père dirigeait un «ouvroir» qui permettait à ces enfants et à leurs mères de trouver une formation puis un métier, et à la Mission d’avoir une source de revenus.

Si j’ai toujours été fasciné par la foi qui orientait leur vie, c’est la curiosité intellectuelle qui m’a poussé à suivre des études de théologie. Ma relation personnelle avec Dieu est venue plus tard, au fil des épreuves de la vie.

Quel est votre parcours à l’EPG?
L’Eglise protestante de Genève m’a accueilli il y a plus de 25 ans. Elle m’a nourri dans tous les sens du terme. J’y ai découvert la richesse extraordinaire de la vie communautaire, faite de rencontres avec des personnes d’histoires, de cultures et d’horizons différents. Ces rencontres, sacrées, m’ont façonné. Après avoir appris de mes livres, j’ai appris de mes paroissien·ne·s. La théologie m’a amené à la rencontre du «corps du Christ», de sa chair, à travers son Eglise ici à Genève.

Comment voyez-vous votre rôle au sein de l’EPG?
Contribuer à ce que chacun·e travaille dans la joie, quelle que soit l’efficacité apparente de ce que nous faisons. Nous travaillons pour Jésus-Christ, et ce n’est pas rien. Cela devrait nous inciter à revisiter nos conceptions du succès et de l’échec et servir avec confiance et reconnaissance là où nous avons été appelés. Je ne suis pas obsédé par l’image que nous donnons; j’aimerais en revanche que l’on regarde celles et ceux qui forment l’Eglise avec gratitude, reconnaissance et émerveillement.

Quelle est la mission de l’Eglise aujourd’hui?
Rendre notre credo crédible, pas seulement par notre prédication, mais par notre manière de vivre, de travailler, de penser et d’aimer. Et il me semble que cela commence en veillant à notre manière d’être en relation les un·e·s avec les autres. L’Eglise est le lieu où se prouve et s’éprouve qu’une diversité extrême peut être unie autour d’un même «foyer», voire devenir le foyer d’un monde nouveau, qui atteste de la présence de l’infini dans le fini, du Ciel sur la Terre et de Dieu au milieu de nous.