Les scientifiques se demandent comment parler de changement climatique aux fidèles

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Les scientifiques se demandent comment parler de changement climatique aux fidèles

2 août 2017
Climat
Entre les présentations sur les ondes gravitationnelles, sur la criminalistique nucléaire ou sur l’intelligence artificielle, les participants à la plus grande conférence de sciences du monde ont été invités à écouter la présentation d’un prêtre épiscopalien.

Le révérend Fletcher Harper parle du changement climatique et propose des pistes de réflexion pour convaincre une grande partie de la population de faire davantage attention à ce que les scientifiques savent, mais que de nombreuses autres personnes mettent en doute: le dérèglement climatique s’aggrave et laisse présager une catastrophe.

«Je prie pour les scientifiques et afin que je sois capable de parler publiquement de ce qui les occupe», explique Fletcher Harper, directeur de GreenFaith, une ONG internationale qui a pour objectif de pousser les croyants à sauvegarder l’environnement. «Il est vital de ne pas lever le pied face aux dangers auxquels nous sommes confrontés. Les enjeux sont immenses.»

Dimanche 19 février, alors que beaucoup d’Américains étaient à l’Eglise, Fletcher Harper accompagné d’un groupe de chercheurs s’exprimait sur la thématique «recourir aux soutiens religieux en matière de politique climatique.» Ils ont expliqué que le monde scientifique devrait chercher à s’allier aux ecclésiastiques. «La plupart des gens ont la foi», a expliqué Katharine Hayhoe, membre de ce groupe de scientifiques et climatologue reconnue. Elle est considérée comme l’une des voix les plus efficaces quand il s’agit d’expliquer aux croyants les conséquences du réchauffement global.

Les scientifiques doivent adopter le langage religieux

Puisque trois quarts de la population américaine appartient à une communauté religieuse; puisque cette proportion est encore plus élevée pour la population mondiale; et puisque c’est au travers de la religion que de nombreuses personnes comprennent leur monde, il incombe aux scientifiques de décrire le problème difficile et inquiétant du changement climatique en termes religieux, explique-t-elle.

«Afin de mener une action durable sur le long terme, nous avons besoin d’espoir, d’amour, encouragement. Nous avons besoin de ce sentiment de communauté, cette impression partagée d’appartenir à un ensemble. Et pour de nombreuses personnes, ce sont exactement les sentiments que l’on ressent dans une communauté religieuse.» La chercheuse appelle cela «connecter sa tête à son cœur.» Cette rencontre a eu lieu durant la conférence annuelle de l’Association américaine pour le développement des sciences, alors que de plus en plus de scientifiques envisagent de s’engager dans le débat public en réaction à l’élection de du président Donald Trump. Ils craignent que le républicain n’ait que peu de respect et de compréhension pour leur travail.

Donald Trump a qualifié le changement climatique de supercherie et il a nommé Scott Pruitt, un climatosceptique, à la tête de l’Agence de protection de l’environnement. De plus, quand il était candidat, Trump a soutenu le mythe selon lequel il y aurait un lien entre vaccins et autisme.

Donald Trump a attribué sa victoire au soutien des chrétiens évangéliques, qui dans une large mesure (81%) ont voté pour lui, selon les sondages en sortie des urnes. Les évangéliques sont aussi, plusieurs études le montrent, davantage enclins que le reste de la population américaine à mettre en doute le changement climatique.

Parler de l’environnement comme d’un cadeau divin

Katharine Hayhoe et Fletcher Harper ont proposé plusieurs pistes d’encadrement du discours scientifique pour le rendre plus agréable pour les croyants. «Evoquez l’environnement comme un cadeau. La réponse religieuse à un cadeau divin, c’est la gratitude et la responsabilité», a, par exemple, expliqué Fletcher Harper.

Puis il a ajouté qu’il fallait parler du monde comme «déséquilibré.» «Ce genre de métaphores semble davantage familier pour les pratiquants des traditions dharmiques (telles que l’hindouisme et le bouddhisme), mais elles raisonnent également fortement avec l’enseignement et les écrits musulmans et elles font également écho aux traditions juive et chrétienne.»

Ce type d’expression «a aussi l’avantage de relier les croyants avec leur expérience quotidienne», ajoute-t-il. «Quand ils réalisent qu’il fait 10°C à 7h du matin en plein février à Boston, il n’est difficile pour personne de reconnaître, par les faits, que peut-être que quelque chose est déséquilibré.»

Les Eglises sont un réseau à utiliser

Membre de ce groupe, le professeur en communication à l’université Northeastern, Matthew Nisbet, a ajouté qu’il fallait utiliser les valeurs des croyants comme un outil pour s’en faire des alliés. «La religion ne se limite pas à un système de croyances. C’est aussi une communauté. Les Eglises font partie des réseaux les plus efficaces et les plus puissants pour générer un engagement citoyen», explique le chercheur, spécialiste du rôle de la communication dans les débats publics concernant la science et les technologies.

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