« Prendre soin de la Terre, c’est prendre soin des Hommes »

Lara-Florine Schmid / © Alain Grosclaude
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Lara-Florine Schmid
© Alain Grosclaude

« Prendre soin de la Terre, c’est prendre soin des Hommes »

Projet
Un ambitieux projet œcuménique a été lancé cet automne pour sensibiliser les Églises aux questions environnementales. Rencontre avec une des chargée de projet, Lara-Florine Schmid.

ÉcoÉglise vient d’être lancé en Suisse romande. De quoi s’agit-il?

ÉcoÉglise est un projet fondé par cinq associations d’entraide suisses romandes*. Il a pour but de faire cheminer les communautés chrétiennes de Suisse romande dans leur désir de prendre soin de la Création. Chaque Église est invitée à agir dans divers domaines de la vie de sa communauté. ÉcoÉglise s’inspire d’autres projets qui existent déjà, en Angleterre, ou en France. Il suffit d’être un groupe de trois personnes motivées pour se lancer. Les participants vont s’appuyer sur un large éventail de documents ressources mis en ligne, ainsi que sur un écodiagnostic.

Qu’est-ce qu’un écodiagnostic?

L’écodiagnostic propose plusieurs chemins d’action. En fonction des réponses données (sous forme de questionnaire à choix multiples, NDLR), et qui peuvent changer avec le temps, on évolue dans trois niveaux: bronze, argent ou or. L’écodiagnostic s’organise autour de cinq domaines d’action.

Lequel permettrait d’avoir un réel impact sur l’environnement?

Je suis attachée au premier: «Célébration et Enseignement». Il n’y a pas d’application concrète directe, mais cela va permettre de vivre une transition intérieure. On aurait pu imaginer quelque chose qui force les Églises à mettre en place des mesures environnementales très contraignantes. Mais notre souhait consiste plutôt à ce que les changements soient mis en place en lien avec une véritable conviction et un changement de cœur.

Dieu nous appelle à être de bons gestionnaires

Pourriez-vous nous donner un petit aperçu des autres domaines d’action?

On devient très concret dans le chapitre «Bâtiment et Terrain». Par exemple, quel papier utilise-t-on pour l’imprimante? Qu’en est-il de notre usage du chauffage ou de l’électricité? Pour le terrain, pas besoin de posséder un grand jardin! Un petit balcon peut suffire à avoir des plantes qui favorisent les pollinisateurs. Le chapitre «Engagement local et global» propose de faire le lien avec les problématiques de justice environnementale.

Comment les Églises interpellent-elles les élus ?

Finalement, «Mode de vie» questionnera, par exemple, la communauté sur sa manière d’encourager la mobilité douce.

Quel est votre objectif?

Nous espérions cinq communautés pilotes, nous en avons neuf, trois réformées, trois évangéliques et trois catholiques! D’ici trois ans, nous souhaiterions avoir 70 communautés participantes. Mais le principal, c’est de mettre les Églises en mouvement et de susciter une prise de conscience globale.

Les valeurs chrétiennes appellent-elles à agir pour l’environnement ?

Une Église qui ne prend pas en compte cet aspect manque de crédibilité. Prendre soin de la Terre, c’est prendre soin des Hommes. On ne peut pas polluer l’eau d’un côté et aller prêcher la bonne parole de l’autre. Par ailleurs, c’est un mandat qui nous a été confié par Dieu. La nature nous apprend aussi à connaître Dieu, car elle est l’oeuvre de ses mains. Comme pour un peintre! En voyant ses œuvres, on connaît l’artiste. Personnellement, les moments les plus forts que j’ai pu vivre étaient dans un lien à la nature. Dans la Bible, l’Homme est le pilier de la Création.

Est-ce que cela ne le pousse pas à en faire ce qu’il veut?

C’est une critique qui est souvent faite. Mais elle réside dans une mauvaise compréhension du texte biblique. L’Homme a, en effet, une place particulière, tel un gestionnaire. Or, Dieu nous appelle à être de bons gestionnaires. Non pas à exploiter la Terre, mais à bien la gérer.

Vous proposez des camps pour éveiller la sensibilité écologique. Vous inquiétez-vous pour les générations futures?

Ce qui m’inquiète le plus, ce sont les statistiques qui montrent que les enfants sortent de moins en moins. C’est souvent inférieur à une heure par jour! Par rapport à l’état de la planète: oui, il y a une peur. Mais quand on porte les problématiques avec la foi, ce qui est mon cas – je suis née réformée – on aborde ces enjeux avec une grande espérance. Il y a un Dieu qui prend soin de nous, qui a voulu les hommes. Les années à venir vont sûrement être difficiles, mais nous ne serons pas seuls face à cela. Plus il y aura de choses difficiles, plus de belles expériences vont naître aussi.

* Le laboratoire de transition intérieure de Pain pour le prochain, Action de carême, œco Église et environnement, A Rocha Suisse, StopPauvreté. 

A Rocha

A rocha, qui signifie «le Rocher» en portugais, fut le nom du premier centre d’étude pour la nature créé par l’association, désormais présente dans 26 pays. L’antenne suisse existe depuis 2005. Elle est indépendante des Églises, mais fondée sur les valeurs chrétiennes. «Nous avons à cœur de relever le défi que Dieu nous a confié, où il nous invite à prendre soin de la Création, explique Lara-Florine Schmid. Nous travaillons pour la conservation de la nature et l’éducation à l’environnement. L’un de nos projets consiste à aider des paysans à défricher leur terrain, car les prairies sèches sont très importantes pour la biodiversité.» 

Toutes les informations sur ce projet sur www.ecoeglise.ch.

Bio express

Lara-Florine Schmid, née en 1989, grandit au cœur des montagnes, à Château-d’OEx. Elle effectue un master en sciences de l’environnement à l’Université de Genève (2013). En 2015, elle est responsable bénévole du volet «Education à l’environnement» pour A Rocha Suisse. Elle organise des camps et des cours de sensibilisation à la nature pour les enfants, notamment à Crêt-Bérard. En 2019, elle est engagée comme chargée de projets au sein d’A Rocha. Elle est maman de deux enfants de 2 et 4 ans et vit dans le canton de Vaud.