Emilia Catalfamo, comédienne

Émilia Catalfamo, comédienne, conteuse et formatrice en formation. / © Pierre Bohrer
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Émilia Catalfamo, comédienne, conteuse et formatrice en formation.
© Pierre Bohrer

Emilia Catalfamo, comédienne

Rencontre
Émilia Catalfamo a 25 ans, est comédienne, conteuse et formatrice en formation. Elle réside la plupart du temp à Bienne mais va partout où le train mène. En 2016, elle fait naître "fabrique à quoi", une association qui relie théâtre, spiritualité et société.

La dernière histoire que vous avez contée?

L’histoire de Jacob.

De quoi parlait-elle?

Dans la peur et la solitude, en rêve lui apparaît un escalier qui relie l’En-haut avec l’En-bas. Des messagers montent et descendent, ils semblent porter un peu d’étoiles dans la poussière du sol et un peu de terre dans les poussières d’étoiles.

Que retenez-vous de ces histoires?

De tous les récits que je raconte, je retiens que, lorsqu’ils dérangent en même temps qu’ils apaisent, c’est qu’il est nécessaire de les dire encore et encore.

Quelles activités proposez-vous?

Ateliers, formations, interventions théâtrales, narrations bibliques, jeu sur canevas, avec ou sans paroles… tout moyen est bon à l’expression. «Foi» ou «spiritualité» sont des mots qui effraient, un théâtre «éthique» signifie aborder des sujets qui traitent de l’homme et de sa relation avec ce qui le dépasse.

Quelles questions abordez-vous?

En fonction des demandes, j’y aborde des thèmes liés à la spiritualité et à la société. J’ai animé du théâtre forum au sujet de la marginalité, joué un spectacle basé sur le témoignage de Biennoises musulmanes, raconté des textes de la Genèse : Esther, l’Exode, Joseph.

Une de vos réalisations les plus marquantes?

Je suis marquée par cette célébration œcuménique tout à fait ordinaire durant laquelle j’ai raconté la vie de «Framboisine». Elle est un personnage inventé, une «Madame tout le monde» de la région, qui vit dans la précarité et qui cache sa situation par honte. Par l’attention que j’ai perçue, le mutisme de la misère concerne visiblement plus que je n’aurais pu imaginer.

D’où vous vient cet intérêt pour les questions éthiques et religieuses?

Elle me vient de la hantise que les gens ont à aborder la question de la foi. Très intime, trop tabou? Alors, parlons-en. Et dans les certitudes, mettons du doute.

Est-ce facile de mettre des questions éthiques et spirituelles en scène?

Ethiques oui, spirituelles… non. Dieu n’est pas à la mode. C’est important de respecter les doutes et les croyances de chacun et de chacune. Ma porte d’entrée, bien souvent, c’est l’humour, la musique: ça fonctionne bien. Chercher à désamorcer les préjugés et ébranler les convictions avec bienveillance.

Est-il important de «dépoussiérer» certaines histoires?

Oui et non. C’est important parce qu’elles fondent certains principes de notre société, des aspects politiques voire juridiques, qu’on oublie. Et c’est dérisoire parce que parfois je me dis que toutes les histoires se ressemblent, raconter le scénario du «Dernier Jedi», c’est raconter l’histoire de Jonas; c’est-à- dire une quête.